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re-détermination

jeudi 21 février 2013

En milieu urbain comme dans les zones rurales, il devient de plus en plus difficile d’accéder à un logement à un prix abordable. Dans ce contexte, l’habitat léger prend une place qu’il n’est plus possible d’ignorer. Il concerne plusieurs centaines de milliers de personnes, toutes catégories sociales et juridiques administratives confondues. Même s’il n’est pas totalement nouveau, cet engouement est un signe d’une société en mutation, mais aussi une conséquence directe de la crise du logement, de la pression foncière, du chômage et de l’exclusion
`(Introduction du texte commun Confédération Paysanne /Halem)

Un nombre croissant de citoyens seuls, en famille ou en collectif, soi par choix , ou par héritage culturel ou par nécessité font l’expérience de la « re-détermination » en habitant autrement.

Ils investissent souvent ces territoires « d’entre deux » que ne peuvent, ni revendiquer la ville comme espace de projet ni l’agriculture lourdement mécanisée comme espace de production. ils établissent et construisent leurs lieux de vie sous des formes libérées (tipis, yourte, kerterre, camions, cabanes, caravanes....) des conventions.

De ces centaines d’histoires personnelles ou collectives émanent des choix et des parcours d’habiter qui peuvent paraître étrangers à ce qui est souhaité ou accepté par la majorité des habitants de ce pays. Néanmoins ces histoires pour exotiques qu’elles puissent paraître ont en commun le désir d’autodétermination, chose que nos politiques urbaines actuelles ne peuvent intégrer et satisfaire dans leur logique planificatrice de gestion de masse et de flux.
Dans ce contexte où l’on parle essentiellement de production de logement, de densité de maîtrise de l’étalement urbain et maîtrise énergétique ,, quelle place pour l’habitat léger mobile et réversible ?

ALTERNATIVE POSITIVE OU CONTRADICTION ?

La caravane, la yourte ou le tipi bousculent certainement les stéréotypes culturels associés à l’habitat : ils ne « collent pas » avec l’image que l’on se fait d’un bon logement observant les réglementations thermiques en vigueur et les objectifs du Grenelle 2. Cet « effet miroir » est déterminant dans le traitement politique de la question : beaucoup tiennent cette situation pour inadéquate, souvent avant même d’y aller voir de plus près. Cependant, elle constitue, dans les faits, la moins mauvaise (et même très souvent une bonne) solution de logement pour plusieurs milliers de ménages, depuis de longues années.

Les nouvelles formes d’habitat débordent très vite des seules questions liées au droit strict du logement, pour toucher d’autres questions parfois très sensibles par exemple, en matière d’accès aux droits sociaux,
Ces formes d’habitat, il est vrai, concernent au regard de l’ensemble de la population encore relativement peu de ménages ou de personnes, ce qui pourrait incliner à éluder la question mais elles en disent long sur l’état et les évolutions de notre société et, parfois, sur le chemin à suivre.

NIER OU PRENDRE EN COMPTE ?

Le Conseil Superieur du Logement de Wallonie a osé ouvrir cette question, ce qui prouve également que ces évolutions sociétales ne sont pas le propre à l’hexagone mais partagées par nos pays voisins.

Dans son discours d’ouverture à l’occasion d’un colloque qui s’est tenu à Charleroi en novembre 2012 sur le thème « la norme à l’épreuve de l’habitat alternatif », le président du CSL (Conseil Superieur du Logement) de Wallonie s’exprimait ainsi  :
« …….. Fatalement inadaptées ( les lois sur le logement et l’urbanisme en vigueur en Wallonie), ne serait-ce que parce qu’elles n’ont, à l’époque, pas été élaborées avec ces expériences à l’esprit, ces lois appellent-elles aujourd’hui des adaptations (en forme d’assouplissement) ? Telle est l’interrogation fondatrice du CSL, laquelle est cependant « piégeuse » : qu’elle soit positive ou négative, la réponse donnée à cette question engendre son lot de difficultés. À réalité complexe, réflexion complexe (et absence de solution simpliste).
Si, d’un côté, on plaide pour des modifications législatives, ne risque-t-on pas alors d’aboutir à une trop grande modalisation de la norme ? Celle-ci, en effet, n’émancipe socialement et n’a de sens dans un État de droit que parce qu’elle est commune et s’impose à tous. Le risque existe dès lors de ne plus conférer que des « demi-droits » à ce que d’aucuns présenteront vite comme des « sous-habitats » (ou des « logements pour pauvres »), avec peut-être même un effet de nivellement ou d’entraînement par le bas pour les autres types d’habitat.

En sens inverse, ne pas retoucher la loi conduit in fine à freiner (voire éradiquer) des formules d’habitat qui rencontrent bien un public (lequel n’a pas trouvé à se loger via les structures traditionnelles). De toute façon, si on peut les « nier » juridiquement, ces habitats alternatifs n’en continueront pas moins d’exister (vu le besoin, qui croît d’ailleurs), au pire dans la marginalité/illégalité, en dehors donc de tout contrôle public, ce qui est passablement inquiétant …. À trop tarder à adapter la loi, on freine (voire, on casse) l’innovation sociale plutôt qu’on ne la libère. Mais à trop précisément l’adapter à chaque situation (et à chaque nouvelle situation), on risque tout autant de l’étouffer. »

Dans ce texte, la question de la place de l’habitat léger éphémère et mobile est posée avec nous emble t-il lucidité et responsabilité :
Reconnaître que ces nouvelles formes d’habiter participent de l’innovation sociale et qu’il convient de la comprendre et de l’accompagner.
Reconnaître que les habitants concernés ne sont pas un problème mais qu’il ont en temps que citoyens un problème dont le traitement nécéssite de revisiter les lois qui les exclus par défaut .
À l’image de la démarche du ministère Wallon du logement, nous serions en droit d’attendre des assises nationales sur cette question afin de la faire sortir des champs spécifiques et technocratiques, du logement et de l’urbanisme, qui en la segmentant constituent les outils de sa relégation actuelle.

Vincent C (HALEM)

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