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Les caravanes restent, les chiens aboient quand même ! L’expulsion du Palmier... ou Saint Girons, l’histoire d’une gentrification programmée

mardi 5 mai 2015

appel rassemblement 7 mai
dossier juridique

Depuis plusieurs décennies des personnes se sont installées en Ariège avec de très petits moyens, parfois même, pour commencer, dans des abris de fortune. Ces histoires, pour exotiques qu’elles puissent paraître, ont en commun le désir d’autodétermination, chose que nos politiques urbaines actuelles ne peuvent intégrer ni satisfaire dans leur logique planificatrice de gestion.

Pour plus d’information et pour l’appel à mobilisation du 7 mai 2015, rendez-vous sur le site du Palmier

DERNIÈRES NOUVELLES : Le juge délibérera le 21 mai 2015 .
Une certaine presse, acquise au Conseil Général, essaye de faire croire à qui veut bien l’entendre que le Palmier abrite des dangereux agitateurs. Ils n’ont plus peur du ridicule...

Parmi ces migrant/es, certain/es, ont choisi des coins reculés pour y mener une petite vie tranquille en retapant des granges, vivant en tipis, cabanes, yourtes, construisant leur vie avec les moyens du bord. D’autres ont continué des vies itinérantes trouvant refuge en Ariège entre deux saisons ou deux voyages. Il y a aussi celles et ceux qui ont décidé, ces dernières années, d’utiliser les espaces abandonnés de la ville ; ces interstices urbains qui n’attendent qu’à revivre après des années d’incompétence et de manque d’imagination des élus locaux.

C’est le cas des habitant/es du Palmier qui attendent d’être jugés pour avoir osé prendre l’initiative de refaire vivre cet espace sans l’autorisation de ceux qui ont peur de la nouveauté, de ceux qui ont peur de voir leur pouvoir diminué.

Dans tous les cas, c’est grâce à toutes ces installations que le pays à continué à vivre, a gardé quelques écoles, a continué à avoir une vie associative, culturelle, un marché dynamique. Toutes ces personnes ont prouvé par l’exemple qu’il est possible d’être, sans avoir, même dans une société de l’étiquetage, où l’étiquette supplante l’humain et dans laquelle petit à petit, celui qui n’a pas devient celui qui n’est pas, ce qui suggère que la privation en fait un être humain diminué.

Dans notre société, il n’y a pas d’exclus ; tout le monde est inclus, mais en des lieux différents.

En matière de logement, le secteur de Saint Girons est particulièrement tendu du fait de la faiblesse du parc locatif social au regard de la précarité de la population.

Une politique désastreuse de lutte contre le logement indigne met également un bonnet d’âne à la commune.

En 2015, un quartier de Saint-Girons a été élu parmi les 108 les plus pauvres de France, mais la mairie persiste dans son autisme en affirmant qu’elle va résoudre ses problèmes dans du renouvellement urbain (ANRU), c’est à dire en rendant ces dits-quartiers inaccessibles aux plus démunis. Nous pouvons nous attendre à une véritable gentrification de la ville à grand coup de financements publics.

Par un tour de passe-passe, en refaisant les façades de la ville, les pauvres deviendront riches car ils sont très forts à Saint-Girons. Ils ont su, par exemple, le démontrer en dépensant des sommes colossales liées à un « plan de revitalisation » (sic) à la suite de la fermeture de l’usine de Lédar et destiné à la relance économique : ils ont enterré les poubelles et commencé à construire un parc aquatique. Soit, les moins fortunés auront désormais la possibilité de se baigner mais l’idée affichée par le maire la ville est de rendre le pays attractif et renouveler sa population.

À Saint girons, on lutte contre la pauvreté en chassant les pauvres.

Ainsi, la municipalité croit légitime de penser que la présence de pauvres est un problème et non – comme certaines personnes encore naïves pourraient l’espérer de la part d’élus de la nation – que la pauvreté est le problème, ou bien, tout simplement, que les pauvres ont un problème. Nous connaissons les conséquences dramatiques de ces postures avec leurs lots de divisions et de conflits civils qui amènent l’esprit corporatiste, le rejet de l’autre, parfois le racisme, en tout cas inévitablement, l’exclusion.

Depuis 2008, après la fermeture de l’usine de Lédar, de nombreux projets ont été proposés à la mairie pour refaire vivre les lieux alors devenus propriété de la Communauté de communes, présidée par M. Murillo, maire de Saint-Girons. Tous ont été rejetés. Des projets d’artisanat, culturels, de logements sociaux, de terrains familiaux ont rêvé de s’installer devant ce potentiel énorme. Mais la ville a préféré regarder l’usine dépérir, ne pas dépolluer, et pour finir essayer d’expulser celles et ceux qui ne dérangent personne, apportent de la vitalité et surtout choisissent de ne pas baisser les bras. Aucun projet n’est en cours aujourd’hui.

Depuis longtemps, la commune est connue pour avoir choisi de conduire une politique exécrable en matière d’accueil des personnes vivant en résidences mobiles. Son aire « ad hoc » ne voit jamais le soleil, est insalubre et les services de l’état lui demandent depuis 2003 d’aménager une aire de grand passage.

Ces braves élus saint-gironnais, soi-disant porteurs d’une pensée socialiste, préfèrent condamner des personnes à quitter eux-mêmes leur unique logement souvent déjà modeste. Ils choisissent de les condamner à errer avec des amendes, des récidives... et au nom de quoi ? Et pour aller où ? Ne sont-ils pas des habitants légitimes de la commune ?

Ce besoin maladif d’expulser les occupants de résidences mobiles du Palmier correspond à une attitude schizophrène. C’est en effet le seul moyen de définir une posture de gens qui pensent que l’on enrayera les difficultés de la ville en interdisant aux personnes de trouver des solutions adaptées, sinon à leurs besoins et leurs envies, du moins adaptées aux carences de terrains disponibles pour les administrés de la communes et à l’impéritie des choix politiques en matière de logement et de solidarité. Les sommes investies par l’État pour expulser ou détruire les « habitats de fortune » (sic), sont à la hauteur de l’acharnement à rejeter toute forme d’initiative et d’alternative qui ne fasse pas le jeu de la spéculation immobilière. Saint Girons en est la caricature.

On pourrait croire que, pour celles et ceux à qui l’on interdit de vivre sur le territoire, c’est sans espoir, mais c’est bien mieux ; cela signifie au contraire que les gens, en prenant conscience qu’ils doivent développer leur propre puissance, leur propre liberté, pour créer de nouvelles conditions de vie, éprouvent et expérimentent quelque chose dont le reste de la société est privé.

Et plus on les rejette, plus ils deviennent forts

Dans un monde dominé par l’impuissance, par l’incapacité à influer sur son devenir, les squatters exercent un nouveau type de protagonisme, qui ne reste pas au niveau des souhaits. Alors que des millions de personnes, de façon abstraite, souhaitent le changement, eux, dans les marges, sont dans des pratiques de changement. Et c’est cela qui est déterminant.

HALEM souhaite voir se développer et cultiver des pratiques de changement et pour cela soutient les occupant/e/s du Palmier.

À une époque confrontée à la raréfaction de l’espace pour pouvoir vivre, la seule résistance réelle, la seule subversion, est de désirer autrement, de s’installer autrement, de construire autrement.

Nous sommes à un moment charnière où des milliers de personnes débordent de la simple lutte pour la survie, ils deviennent des sujets ; sans cesser d’être ceux que l’on regarde pour devenir ceux qui regardent la société, qui la pensent, qui l’interpellent. Tout le monde se rend compte que la lutte des squatters, des sans terres, des sans papiers, est porteuse de quelque chose qui interpelle l’ordre injuste de notre monde.

Au Palmier, nous y rencontrons des femmes et des hommes chez qui il existe un contenu universel qui dépasse largement leurs revendications concrètes.

Dans leurs pratiques, ils et elles revendiquent la profonde nature humaine.

Contact :

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  • Clément : 06 30 94 85 71,
  • couriel : clement.david[at]halemfrance.org

Pour interpeller directement la mairie de Saint-Girons :

  • Adresse : Mairie de Saint-Girons BP 110 09201 Saint-Girons CEDEX
  • E-mail : secretariat.dgs@ville-st-girons.fr
  • Téléphone : 05 61 04 03 21
  • Fax : 05 61 66 38 95

Voir en ligne : appel à rassemblement

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